Il est des jeux qui divertissent, d'autres qui émerveillent. Hellblade : Senua's Sacrifice transcende ces catégories en nous invitant à la vivre. Loin d'un simple périple vidéoludique, c'est une descente vertigineuse dans les méandres d'un esprit tourmenté, une confrontation brutale avec la douleur, la perte et ce qu'il reste d'humain quand tout semble sombrer. Retour sur ce titre des studios de Ninja Theory dont l'expérience m'aura été si intense qu'il y a désormais "un avant et un après".
Dès les premiers instants, on comprend que Senua n'est pas une héroïne comme les autres. Le silence pesant, les murmures obsédants qui cisaillent l'espace sonore, la lumière crue qui éclaire à peine son chemin...Tout dans Hellblade évoque la lutte intérieure, la déchirure entre réalité et illusion. Ninja Theory ne représente pas simplement la psychose, il la fait fait ressentir viscéralement. Les voix dans la tête de Senua, rendues avec un réalisme sonore saisissant grâce à la binauralité, renforce le malaise de l'expérience. L'utilisation d'un casque est fortement recommandée.
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| Qu'est ce qui est réel ou ne l'est pas ? |
Nous progressons aux côtés de Senua, l'esprit fracturé, porté par un seul moteur : l'amour. La quête de son bien-aimé Dillion, perdu dans les limbes d'un monde mythologique Viking d'une noirceur suffocante, devient un prétexte à l'exploration de sa propre psyché. Chaque pas, chaque énigme et chaque combat est une métaphore au deuil, à la culpabilité, au rejet mais aussi à la résilience, à l'acceptation et à la dignité. Hellblade surprend par son audace de mettre en avant cette pathologie qu'est la psychose, généralement taboue, et la célèbre dans la douleur et la puissance de l'endurance humaine.
La mise en scène est minimaliste mais pertinente : le regard de Senua, capturé par la performance magistrale de Melina Juergens, transperce l'écran. Ses yeux cherchent, supplient, résistent. De plus, l'angle de caméra aux côtés de Senua, devient le témoin muet de son effondrement comme de ses brefs passages de lucidité. Nous ne dirigeons pas Senua, nous l'accompagnons dans son agonie et nous espérons avec elle.
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| Très diversifiés visuellement, les environnements sont soignés et incroyablement beaux ! |
Techniquement, Hellblade est un tour de force. Aujourd'hui encore (en 2025 au moment où j'écris ces lignes) le rendu visuel est d'un niveau rarement vu. Les expressions faciales sont même de bien meilleures qualités qu'un Indiana Jones pourtant tout récent. La bande son est aussi de grande volée lors des combats et impacte grandement au rythme de l'épreuve de force. On pourra juste lui reprocher quelques phases redondantes et une liberté d'action réduite, mais globalement nous sommes face à une œuvre difficilement critiquable.
Hellblade : Senua's sacrifice n'est pas un jeu que l'on termine : il demeure, à l'image d'un rêve douloureux mais nécessaire. Il ne s'agit pas de gagner mais de comprendre, d'accepter que la réalité puisse être mouvante et que les ténèbres ne sont pas principalement à l'extérieur. Il vous laissera pour toujours une empreinte, celle d'une femme brisée, debout, qui a le courage de regarder ses démons en face et de vivre avec. Oserez-vous accompagner Senua dans ce périple ? Je vous y encourage fortement !
Les + :
- Le visuel impressionnant !
- L'atmosphère palpable
- Un bande son digne et impactante
- Excellente narration
- La psychose mise en avant
- L'expérience dans sa globalité
Les - :
- Certaines phases redondantes
- Manque de liberté
- Les chuchotements binauraux en anglais





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